Quang Picasso peint Guernica
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=> Guernica: objectif de terreur, non de combat
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Guernica
Guernica: objectif de terreur, non de combat

1) L’arbre de Guernica: emblème des libertés basques

Guernica, ville du nord de l’Espagne, se situe au centre de la Ria d’Urdaibai dans la communauté autonome du Pays Basque en Biscaye, au creux d’une vaste vallée ouverte sur l’océan.

Capitale spirituelle du Pays Basque, cette ville était le lieu où se réunissaient les assemblées législatives de Biscaye et surtout où les rois espagnols prêtaient serment, lors de leur accession au pouvoir, et juraient d'observer les fors ou fueros (anciennes chartes garantissant les libertés d'une ville ou d'un État) et de conserver et protéger les lois et les droits en vigueur dans les provinces basques.

Sous l’arbre de Guernica, une plaque rappelle les paroles formulées en 1936 par le premier Lehendakari de Euskadi José Antonio Aguirre, qui est devenue la formule protocolaire pour prêter ce serment.

"Devant Dieu humilié

debout sur la terre basque

en souvenir des ancêtres

sous l'arbre de Gernika

devant vous

représentants du peuple

je jure d'accomplir 

fidèlement ma mission" 


La cérémonie se déroulait traditionnellement sous le chêne devenu le symbole de la liberté du peuple basque. Ce rassemblement qui se perpétue encore fut l'un des premiers témoignages de démocratie où jadis élus du peuple et anciens de toute la Biscaye se réunissaient. Le chêne qui accueillait les premières Juntas de la seigneurie de Biscaye s'est affirmé au fil des siècles comme le symbole de l'existence d'un peuple et des institutions face aux avatars de l'histoire que les Basques ont connus dans leur passé en tant que collectivité.

 

Seul le chêne de Guernica a fait croître et perpétuer toute la charge symbolique de l’arbre, qui depuis l’Antiquité et dans toutes les civilisations, comporte une signification religieuse et politique. Il est devenu non seulement l’emblème des institutions politiques de la seigneurie de Biscaye, mais aussi la représentation concrète de toutes les libertés basques. Cette renommée est due en grande partie à José Maria de Iparraguirre Balerdi (1820-1881) qui composa en 1853 le texte et la musique de Guernicaco Arbola. En très peu de temps, cette chanson devint l’hymne et le drapeau des fueristas (partisans des forts) aux idéologies diverses. L’arbre de Guernica représente aujourd’hui, partout dans le monde, la conscience de la nation basque, de ses libertés et de ses droits historiques.

 

 
Gernikako arbola da bedeinkatua, Arbre béni de Guernica
Euskaldunen artean guztiz maitatua: 
Aimé de tous les Basques
Eman ta zabal zazu munduan frutua. Donne et distribue ton fruit dans le monde entier
Adoratzen zaitugu arbola santua. Nous t’adorons, ô arbre saint !

Mila urte inguru da esaten dutera On dit qu’il y a environ mille ans
Jainkoak jarri zuera Gernikan arbola; Que Dieu planta l’arbre de Guernica
Zaude bada zutikan orain da denbora, Reste debout aujourd’hui et pour toujours
Eroritzen bazera arras galdu gera Car si tu tombes nous serons perdus

Ez zera eroriko arbola maitea, Mais tu ne tomberas pas, ô arbre bien-aimé
Baldin portatzen bada bizkaiko juntea Tant que le peuple de Biscaye se porte dignement
Laurok hartuko degu zurekin partea, Et tant que les quatre provinces feront partie
Pakean bizi dedin euskaldun jendea.
 Et feront vivre le peuple Basque dans la paix 

Betiko bizi dedin Jaunari eskatzeko Demandons au Seigneur qu’il vive pour toujours
Jarri gaitezen danok laister belauniko; Demandons-le tous à genoux
Eta bihotzetikan eskatu ezkero,
Et demandons-le du fond du cœur
Arbola biziko da orain eta gero.
L’arbre vivra aujourd’hui et pour toujours


Iparraguirre Balerdi 

 

              



2) Le bombardement de Guernica

Entre le 17 et le 20 juillet 1936, les généraux Franco, Sanjurjo et Mola, dirigèrent une révolte militaire. Celle-ci partit du protectorat du Maroc, et gagna rapidement près de la moitié du territoire péninsulaire. La Guerre Civile avait commencé.

En octobre 1936 a été créée une unité aérienne spéciale, la Légion Condor, sous le commandement du général Hugo Speerle. Il est assisté du lieutenant-colonel baron Wolfram von Richthofen, cousin du «Baron rouge», un autre aviateur, héros de la Grande Guerre.

Forte de 6500 hommes, la Légion Condor comprend quatre escadrilles de 12 avions de chasse et de bombardement, trois escadrilles de six avions de reconnaissance, une escadrille de six hydravions et un groupe de 48 blindés. Cette unité offre aux pilotes de guerre allemands des stages d'entraînement intensif en situation de guerre réelle. C'est une manière pour eux de contourner le traité de Versailles de 1919 qui leur interdit de développer leur aviation de guerre.

Guernica, , était la seule ville qui se trouvait entre les positions de l’armée franquiste du Nord, dirigée par le général Mola, et son objectif militaire : la prise de Bilbao.

Un ultimatum est alors envoyé au gouvernement basque par le général Mola. Il a décidé, prévient-il, de « terminer rapidement la guerre dans le Nord », et il ajoute : « Si la soumission n’est pas immédiate, je raserai toute la Biscaye en commençant par les industries de guerre. » 

A la suite de la retraite de l’armée basque après la chute de Durango et de Markina, la ville de Guernica possédait près de 7 000 habitants et plusieurs milliers de réfugiés qui se repliaient vers Bilbao.

Le lundi 26 avril 1937, jour de marché, à quatre heures et demi de l’après-midi, la première alerte pour annoncer l’arrivée d’avions ennemis fut le son des cloches de l’église. Puis, apparut la Luftwaffe dont les effectifs forment la Légion Condor : quatre escadrilles protégées par des avions de chasse italiens, procèdent au bombardement de la ville de Guernica en plusieurs vagues, à l’aide de bombes explosives puis de mitrailleuses et enfin, de bombes incendiaires. Après avoir lâché quelques 50 tonnes de bombes incendiaires, les derniers avions quittent le ciel vers 19h45.

«  Le dimanche 26 avril 1937, comme tous les dimanches, était le jour du marché. A quatre heures et demi (16h30) les cloches sonnèrent pour annoncer un raid aérien. A cinq heures moins vingt, des Heinkel 111 apparurent et commencèrent à lancer des bombes et mitrailler les rues. Ils furent bientôt suivis par des Junker 52, que la guerre d'Espagne a rendu si tragiquement célèbres. Des gens se mirent à courir pour gagner la campagne. Les bombardiers les poursuivirent en les mitraillant ; des vagues d'appareils se succédant à vingt minutes d'intervalle lancèrent jusqu'à huit heures moins le quart des bombes incendiaires, d'un poids atteignant parfois 500 kilos, et des bombes explosives. Le centre du village fut complètement détruit et brûlé. Il y eut 1654 morts et 889 blessés. Cependant le parlement Basque et le chêne fameux ne furent pas touchés.  Les faits, tels qu'ils sont rapportés ici, ont été attestés par toutes les personnes qui étaient présentes, y compris le maire de la localité. Le gouvernement basque les a confirmés, ainsi que tous les partis politiques, des anarchistes aux républicains. »,Hugh Thomas, La guerre d’Espagne

    


La dévastation fut complète : 70% de la ville fut détruite et brûla alors que d’éventuels objectifs militaire comme le pont de Rentaria et la fabrique d’armes Unceta et Cie, demeuraient intacts.




Ce bombardement a été longtemps considéré comme le premier raid de l'histoire de l'aviation militaire moderne sur une population civile sans défense.

Selon le journaliste britannique C. L. Steer, correspondant à l'époque du Times, 800 à 3 000 des habitants de Guernica périrent. Le chiffre donné par le gouvernement basque fait état de 1654 morts et de plus de 800 blessés.

Longtemps les nationalistes nièrent les faits, les rejetant sur les Basques, qui auraientaggravé la situation en incendiant la ville pour susciter l'indignation mondiale et ranimer l'esprit de résistance.

 Le bombardement de Guernica fut le point de départ de la destruction progressive de la résistance du front républicain. Vinrent ensuite la chute de Bilbao, le départ en août du Gouvernement basque vers l’exil, et enfin la prise de Gijon en octobre, entraînant la disparition totale du Front du Nord.



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